Que préfère votre banquier : vous ou vos données ?


Les banques ont un accès de plus en plus large aux données de leurs clients et de leurs futurs clients. Le partage informatique des données entre les banques, tout comme la mise en place de registres publics d’information, a considérablement réduit le manque d’information du banquier sur son client.

Dans cette perspective, construire une relation de proximité avec son gestionnaire de clientèle a-t-il encore un sens ? Permet-il un meilleur accès au crédit, qui serait le reflet d’une meilleure connaissance par le banquier du risque de son client et de sa capacité et volonté à honorer son emprunt ? À l’heure du « tout donnée », construire une relation de long terme avec votre banquier présente-t-il encore un intérêt ?

Nous nous sommes penchés sur cette question dans notre récent article « Creditor Information Registries and Relationship Lending », publié dans l’International Review of Law and Economics. Notre réponse : non. Pour la grande majorité des emprunteurs, la multiplication des sources de données sur leur historique de prêt réduit en effet l’utilité de construire une relation de long terme et de proximité avec leur banquier afin d’obtenir un crédit.

Un rôle prédominant des données

En présence de nombreuses sources d’information, les banques investissent moins dans des relations de long terme, qui sont coûteuses à mettre en place et à maintenir, et utilisent au contraire les données historiques de l’emprunteur, accessible via des partages d’information entre banques, ou mises à disposition par un service public.

Cette évolution est fondée sur le fait que l’abondance de données se substitue à l’utilité de relations interpersonnelles de long terme entre la banque et l’emprunteur. Le banquier, en ayant recours à l’historique du client et à des techniques d’estimation du risque reposant sur ces données « dures », et non pas sur une connaissance personnelle et informelle de son client, parvient à estimer efficacement la probabilité de défaut de l’emprunteur, et à un coût moindre. Les données se substituent à l’interpersonnel.

Cette évolution est-elle bénéfique pour l’emprunteur ? Sans détecter une amélioration, nos résultats soulignent que ce transfert de l’interpersonnel vers le « tout information » n’engendre pas une dégradation de l’accès au crédit pour l’entreprise.

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