Manuel Sanchez : « Je dirais plus “Think High” ! »

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Dans les coulisses de l’iaelyon, tous s’accordent à le penser : « Manuel, c’est un personnage ! » Fidèle à son rêve de devenir réalisateur dans ses années lycée, il n’a cessé de remplir les pièces de sa bonne humeur et de prendre ses différents rôles très à coeur :

« J’ai toujours scénarisé ma vie ! Plus jeune, je m’amusais à construire des films avec toutes les images qui me venaient en tête ». Si la créativité de cet ancien danseur de Modern Jazz est à l’époque sur le devant de la scène, le changement de décor s’avère radical. Dans un coup de théâtre, Manuel enverra valser toute possibilité d’avenir artistique pour se mettre au pas du baccalauréat scientifique : « Car mon rêve était un projet fou ! » Suffisamment pour y revenir et tenter sa chance au concours d’entrée d’une école de cinéma parisienne. Face à cette terrible impression d’être un figurant qui se donne lui-même la réplique, il rembobine la scène et toutes ses exaltations : « Le film sur lequel on était évalué n’était pas encore terminé et j’ai quitté la salle sans passer l’épreuve. J’ai compris plus tard que je ne voulais pas être réalisateur, mais acteur. Aujourd’hui, je suis acteur ici – acteur de l’iaelyon ! » Après tout, des planches de théâtre aux amphithéâtres dans lesquels on planche, il n’y a qu’un pas et une même indication : moteur… action !

Avant de songer aux lignes de son avenir et à celles de son CV, Manuel cherche à gagner sa vie pour s’émanciper rapidement d’une fratrie de onze enfants. C’était sans compter la présence d’un grand frère convaincant, grâce à qui il se décide à rejoindre l’Université. S’imaginer comédien et se faire interprète : c’est ainsi que Manuel poursuit « sans broncher » son DEUG en Langues Étrangères Appliquées : « Pour un Marocain d’origine espagnole, j’ai clairement fait le choix de la facilité ». Après un court passage à l’armée en tant qu’instructeur d’anglais et quelques annonces dûment épluchées, c’est au Centre National d’Enseignement à Distance qu’il se glissera, ou presque, dans la peau du parfait dactylographe : « Je tapais trop doucement à la machine ; là encore c’était une erreur de casting ! », plaisante Manuel. Relégué au service de relecture et de manuscrit, lui qui pensait qu’il lui suffisait de « faire ses preuves pour gravir les échelons de l’administration », se verra répéter le même rôle, pendant treize longues années. Enfin décidé à passer les concours qui lui permettront de revêtir plus de responsabilités, il est poussé dans les bras du parfait « inconnu » : l’iaelyon. Peu enclin au changement, il faudra apprendre à masquer son trac et à improviser : « C’est un rythme à prendre », affirme l’ex-gestionnaire de scolarité, qui se plaît à tout harmoniser pour assurer la pulsation commune. Un talent qu’il gardait sans doute caché dans son répertoire et qui lui a pourtant permis de devenir chef de service : « Je me suis retrouvé à la direction de dix sept personnes ! Ce que j’aimais le plus, c’était faire de la gestion différenciée et adapter mon discours aux sensibilités. »

Ma vie a été marquée par l’iaelyon !

Du plafonnement des heures aux accréditations, du conseil d’administration aux programmes de scolarité, à force de minutie et d’organisation, c’est finalement en tant qu’adjoint de la directrice de cabinet que Manuel pratique aujourd’hui sa fameuse gymnastique cérébrale : « C’est parfois sportif, mais quand on aime aller au fond des choses, on ne traîne pas ; on y va ! » Un investissement qui lui vaudra de remporter le titre de responsable de la coordination de la Semaine Internationale. Un César qu’il ne manque pas d’honorer, en organisant la première cérémonie des Stars Awards pour la 10ème édition de l’International Week : « Pour cet évènement en grande pompe, j’ai exigé que tout le monde soit en tenue de gala et j’ai travaillé la mise en scène à partir du générique de Star Wars ! C’est tout moi, ça… Essayer de dérider, d’apporter de l’humour et de la légèreté ! » affirme « Monsieur Météo », « celui qui met le climatiseur en position haute pour que tout le monde soit bien ». Quant à cette hyper sensibilité exprimée en didascalie, elle est le simple signe qu’en soixante ans, le théâtre de la vie n’a pas manqué de faire de lui un homme d’empathie… « J’ai le même âge que l’iaelyon, l’âge de raison ! », lance-t-il à nouveau dans un rire missionné de couvrir son sourire gêné. Car ses confidences sur ses années d’expériences, il a surtout pour habitude de les partager avec les étudiants concernés : « J’ai toujours été un étudiant moyen qui ne savait pas où il allait, et j’ai souffert de ce manque de dialogue. Aujourd’hui, je ne sais pas faire autrement qu’être à l’écoute de ceux qui ne sont pas assez à l’écoute d’eux-mêmes ». Sur les salons étudiants, il n’hésitera d’ailleurs pas à prendre les bacheliers en aparté. Une manière pour lui de rappeler à leurs parents que, pour ne pas être un jour spectateur de sa vie, le travail commence maintenant !

Parce qu’il fait partie des murs, Manuel peine à imaginer la tombée du rideau et ce fameux jour où il devra faire son salut aux couloirs de l’Université : « Ma vie a été marquée par l’iaelyon ! C’est difficile de penser à se désengager. Moi Jérôme Rive, je l’ai vu étudiant… C’est probablement la retraite qui me fera partir ». Se réinscrire en première année de Langues Étrangères Appliquées pour remonter le temps, Manuel l’aura bien tenté il y a deux ans ; mais au fond, sa plus grande fierté reste d’avoir toujours été aux premières loges. Pour voir l’image de marque s’imposer, les effectifs s’agrandir et même, son équipe se déguiser en son icône favorite des années yéyé. Parce qu’il n’a jamais visé le sommet de l’affiche ou le plus haut grade de l’administration – selon lui, par manque de courage et d’aplomb – sa plus belle réussite est assurément d’être arrivé à « une vraie fonction ». Comme pour bousculer son humilité, ses collègues et les professeurs vont jusqu’à le considérer comme « l’âme de l’iaelyon » ; lui ne demande qu’à ce qu’on se souvienne un jour de « Manuel, le bon vivant », « enfin, non », reprendt- il, « d’un homme bon et vivant ».

« think large » est le slogan de l’iaelyon, que vous évoque-t-il ?
« Je dirais plus “Think High” ! Faire grandir en hauteur, personnellement et professionnellement »

Et s’il fallait faire le portrait de l’iaelyon ?
« Une personne dynamique, en mouvement et surtout, une personne qui va de l’avant ! »

© TRAFALGAR MAISON DE PORTRAITS – 2017

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