Doctorat : les grandes transformations de la thèse en management ?


Alors que, dans les pays anglo-saxons ou germaniques, le doctorat est l’une des voies royales pour accéder à des fonctions d’encadrement en entreprise, en France, avec le poids des grandes écoles, le doctorat reste surtout un tremplin vers les métiers de l’enseignement et de la recherche. De fait, en 2013, la Fondation Nationale pour l’Enseignement de la Gestion (FNEGE) avait déjà montré que 75 % des docteurs en management faisaient le choix de la carrière académique. Cependant, l’accès à un poste universitaire devenant de plus en plus compétitif, le choix de ce débouché, toujours largement majoritaire, est désormais remis en question.

Des travaux plus récents tendent à montrer que l’employabilité en dehors de la sphère académique dépend, pour beaucoup, de l’activité du doctorant en thèse : c’est aussi au doctorant de créer la valeur externe de son diplôme. Ceux qui quittent le monde universitaire se dirigent majoritairement vers les métiers du conseil, ou rejoignent des projets entrepreneuriaux dont l’activité est liée à leur recherche académique. D’autres, encore, s’orientent vers des fonctions plus classiques qui correspondent à leur spécialisation disciplinaire de thèse (gestion des ressources humaines, marketing, finance, comptabilité, systèmes d’information, data science, etc.).

Ces comportements peuvent expliquer la tension du recrutement dans un contexte de stagnation des effectifs de maître de conférences en management sur la période récente. Les écoles de commerce, elles, se sont désormais pleinement engagées dans la compétition internationale (primes à la publication, anglicisation des parcours).

En réponse à ce monde du travail changeant, l’exercice de la thèse se modifie, intégrant des rituels de promotion de soi. Nous considérons ces évolutions comme le témoin de changements plus fondamentaux dans la construction du savoir scientifique, et les étudions dans une perspective compréhensive et prospective.

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Article co-écrit par Hugo Gaillard (Le Mans Université), Albane Grandazzi (GEM), Juliette Senn (UGEI) et Julien Cloarec, Assistant Professor of Data Science, iaelyon School of Management.