Les marchés financiers remontent ces dernières semaines, mais de manière quelque peu saccadée et différenciée


L’indice iaelyon – Université Jean Moulin a regagné 9,73% en avril, puis 3,61% en mai, et 2,73% durant les douze premiers jours de juin. Son recul se trouve ramené à 14,9% depuis fin 2019

Sur les marchés actions le mois de mai a plutôt une mauvaise réputation. A une période plutôt faste, de novembre à avril, succéderait d’ordinaire un déclin propice aux prises de bénéfices.

La croissance française a davantage décroché que celle de la zone euro. Les semaines en s’écoulant font apparaître une Europe divisée en deux. Il y a les pays qui ont géré l’épidémie sur le plan sanitaire, contrôlant l’ampleur des coûts économiques. Il y a, par ailleurs, des pays victimes d’un coup d’arrêt violent. En effet, la France, au premier trimestre, voit son PIB s’effondrer de 2% de plus qu’en zone euro (atteignant – 5,8% !), l’Espagne et l’Italie connaissant un recul de leur activité proche de 5%. Dans ces trois derniers pays qui ont subi un nombre élevé de décès, le confinement a été rigoureux, et d’un coût économique plus important.

Précisons que l’OMS a prôné une « extrême vigilance » dans le déconfinement, partout où il a été déjà mis en place…

Dans son point de conjoncture du 7 mai, l’Insee pense que la crise sanitaire a occasionné en France une l’activité économique abaissée de 33%, et une destruction nette d’emplois de 450.000 personnes.

Après plusieurs semaines de hausse, les places financières mondiales ont cédé à la peur le jeudi 11 juin, victime d’une véritable hécatombe, souvent en repli dépassant 4%, et le CAC 40 est repassé sous la barre des 5.000 points qu’il avait quelques jours avant nettement dépassée.

On venait de connaître la pire séance des deux mois et demi qui avaient précédé…

Le 16 juin le CAC 40 a remonté de 2,84% à 4952,86. Le 17 juin, il a franchi à nouveau les 5.000 points, en recul de 16,4% sur son niveau de fin 2019 (5978,06). D’ailleurs on retiendra une forte hausse des Bourses européennes grâce au soutien des Banques Centrales, et à un rebond de la consommation aux États-Unis plus net qu’on l’avait imaginé. Au moins pour un temps ces facteurs l’ont emporté sur les craintes d’un rebond de la pandémie de coronavirus.

Le marché pétrolier aussi est bien orienté. Le Brent vaut 40,55$ le baril (soit 36,14 euros), quand le léger brut américain (WTI) atteint 37,82$. On indiquera que le patron de BP, Bertrand Looney, estime que la crise sanitaire et économique, aura un impact prolongé sur la demande, davantage que la chute de consommation qu’on a pu observer ces derniers mois, avec une accélération sur la transition écologique. BP table en 2050 sur un baril de Brent à 55$ en moyenne, contre 70$ avant. Bref BP – dans un communiqué du 15 juin – prévoit désormais que la pandémie pourrait avoir un impact durable sur l’économie mondiale, avec une demande en énergie potentiellement plus faible sur une période prolongée.

La Banque Mondiale s’appuie sur une contraction de 5,2% de l’économie mondiale en 2020, en soulignant que cette nouvelle projection est fragile, et pourrait être révisée à la baisse. On rappellera qu’au mois d’avril la Banque Mondiale tablait sur un recul de 3% de l’économie globale en 2020.

Pour les économies avancées la contraction en 2020 pourrait être de 6,1% aux États-Unis ou au Japon, mais elle dépasserait 9% pour la zone euro, avant une reprise de 3,9%. Pour sa part la Chine pourrait garder une croissance de 1% en 2020, alors que les économies indienne et brésilienne chuteraient respectivement de 3,2% et 8%…

L’état économique et financier

Selon les prévisions de la Commission de Bruxelles du 6 mai dans l’Union Européenne, la France occupait la 24ème place parmi les pays touchés, son PIB y ayant reculé de 8,2%, devançant aux trois dernières places l’Espagne, l’Italie et la Grèce.

Dimanche 15 juin à 20 heures, Emmanuel Macron a tourné la page du confinement. Il a préconisé « d’accélérer la reprise », car « chaque jour, chaque semaine coûte à l’économie ». Il faut faire repartir pleinement notre économie, alors que l’épidémie a généré une crise économique et sociale sans précédent. Notre pays a prévu un coût de 500 milliards d’euros. Même si toute la somme n’est pas intégralement supportée à ce jour, l’enveloppe totale de 300 milliards d’euros de prêts garantis par l’Etat avoisinait il y a une dizaine de jours près de 100 milliards d’euros. Toute hausse d’impôt est écartée, et « il faudra que les Français travaillent davantage pour sortir de la crise ». On ajoutera que davantage qu’ailleurs les salariés en France semblent avoir davantage peiné pour abandonner le télétravail pour revenir au bureau.

Deux jours après, le Président de la République s’est rendu sur le site de Sanofi à Marcy-l’Etoile, près de Lyon, rappelant l’attractivité de la France, tout comme sa volonté de renforcer notre industrie pharmaceutique.

On rappellera dès à présent la prévision de déficit de la Sécurité Sociale en cette année de coronavirus (52,5 milliards d’euros). Le Conseil d’Orientation des retraites (COR) vient de chiffrer le déficit du système de retraite pour 2020, tous régimes confondus, à presque 30 milliards d’euros, soit 25 milliards d’euros de plus que l’estimation établie six mois plus tôt. Toute projection de long terme reste plus que difficile, compte tenu de l’incertitude économique.


> Le graphique : évolutions sur 4 ans (de mai 2016 à 2020)