La littérature a ses Mémoires, l’iaelyon aussi. Hadrien, la tête blonde ingénieuse qui se rêvait « bricoleur chef », est de ces élèves qui ont compris l’importance d’en repartir avec une belle boîte à outils : « D’ailleurs, si à l’époque j’avais eu assez de vocabulaire et de recul, j’aurais dit bricoleur leader. Celui qui entraîne, pas celui qui crie ».
À Nantes, sa ville natale, personne n’a oublié l’enfant qui arpentait les rues en saluant chaque passant : « Ma mère me répétait “mais Hadrien, pourquoi tu dis bonjour à tout le monde ?”, et je lui répondais naturellement : “mais maman, si je ne dis pas bonjour aux gens, je ne les connaîtrai jamais” ! Perspicace, le dirigeant d’entreprise n’a rien perdu de cette volonté de fédérer pour ériger. Ne cachant ni son ambition, ni jusqu’où il se voit grimper à l’échelle des succès, Hadrien affirme : « Aller le plus haut possible, c’est un objectif que tout le monde doit avoir dans sa vie. Je ne suis pas diplômé d’Harvard, je ne suis pas la plus grosse des tronches, mais j’ai trouvé ce qui m’anime et ce qui me rend heureux. Bill Gates, Steve Jobs – ce sont des êtres humains, pas des superhéros ! Ils ne sont pas meilleurs que d’autres, mais ils ont trouvé leur axe et c’est comme ça qu’ils ont pu explorer leur singularité ».
Dans le choix de son baccalauréat, Hadrien s’économise les tiraillements du doute. Convaincu de pouvoir compter sur sa « fibre commerciale » – « la seule de la famille » – et sur son aisance relationnelle, il s’en servira pour se faire une place aux côtés de parents juristes et d’un frère projetant une carrière militaire. Rentré à l’IEMN-IAE de Nantes suite au discours inspirant du Directeur, il passera ses deux premières années dans le supérieur à courir après la rigueur. Une amie qui lui veut du bien et qui deviendra sa fidèle alliée dès lors qu’il apprend qu’il est sélectionné, avec deux autres étudiants seulement, pour un semestre Erasmus à la Rotterdam School of Management. Au sein de cette école, « classée dans les meilleures du monde », Hadrien se spécialise sans hésiter dans la finance et l’entrepreneuriat. Il ne lui reste alors qu’à endurer, avec docilité, les heures de travail interminables et les aléas engendrés par tout départ à l’étranger. Délogé de son quotidien et confronté à plusieurs ennuis de logement, il est la preuve que « sortir de sa zone de confort » et « vivre la réalité terrain » ne sont pas des expressions sans fondement : « Franchement, je n’ai pas honte de le dire : c’était le moment le plus dur de ma vie ». Un sentiment heureusement estompé par cette rencontre marquante avec les différents talents du monde : « C’était super fort d’être entouré d’un Allemand, d’un Grec, d’un Chinois, des leaders de demain ! » Et si voyager ajoute à sa vie, Hadrien doit à cette destination une partie de ce à quoi il se sait destiné : « Quand je suis rentré, il y avait une logique, un chemin. Je ne savais pas encore comment cela allait se construire mais je savais exactement ce que je voulais faire : entreprendre à l’international ! »
Il a fallu que je bosse pour avancer. Tout n’est pas tombé tout cuit, mais c’est exactement la vie que je m’étais imaginée
Loin de la demi-mesure – « même quand je me casse le bras, on dirait que je fais exprès de ne pas le casser à moitié » – c’est avec deux ans d’avance qu’Hadrien décide d’intégrer le Master 2 Entrepreneuriat : « C’était celui que je visais et ce n’était pas négociable ! C’est un des meilleurs Masters Entrepreneuriat qui existe ! » Pas du genre à regarder le sablier du temps s’écouler, le jeune homme déménage à Lyon pour donner corps à son potentiel et se « construire une solide base personnelle ». Inscription en Licence 3 Administration des Entreprises, obtention d’un Master 1 Management International, intégration de l’association That’s IAE Lyon, dans laquelle il devient rapidement Vice-Président… Assurément, quand Hadrien s’engage, il ne fait pas semblant : « Mon arrivée, c’est plus qu’une renaissance, c’est un envol, le début de l’explosion, le moment où je suis devenu très, très entreprenant ». Au sein de l’iaelyon, mais aussi lors de ses stages à l’extérieur, comme dans cette startup d’investissement dans les panneaux photovoltaïques. Son rêve de petit garçon leur a-t-il été soufflé ? Là-bas, ses collègues se plaisent à le nommer « le fils de MacGyver » ou encore « le bricoleur de génie qui trouve toujours la solution et fabrique toutes sortes d’inventions ». Fabriquer, monter, même à l’heure d’intégrer le Master rêvé, ce fils de Directeur de la Fédération des Vins de Nantes se décide à créer sa propre association – Vitis Vinifera, qu’il présente comme le premier club de dégustation de l’iaelyon. Pensé pour briser l’image élitiste de cette liqueur bachique, il compte aujourd’hui quarante membres actifs et plus de cinq cent adhérents. De quoi tenir sa promesse de pérennité, au-delà de son départ de l’Université : « C’est dur de lâcher ce qu’on a créé, mais il faut le faire… … pour recréer ! » Et une entreprise cette fois, née de son stage de Master 1 dans une société de déménagement international. Alors que sa rencontre avec le monde de l’import-export lui donne l’idée de se lancer dans le vin, les opportunités d’un secteur attractif mais désuet – « qui travaille encore au papier et au crayon » – amèneront ce chargé de veille stratégique où personne ne l’attend. « C’est vrai que j’étais encore étudiant mais je ne pouvais pas patienter. Trop de personnes veulent créer des boîtes et ne le font jamais ! Et puis, j’étais là pour créer quelque chose qui allait marcher ». Après avoir perçu et analysé les failles de la structure, Hadrien enfonce le clou pour se faire entendre auprès de la direction et les mettre en garde sur les risques d’une cessation d’activité. En vain. C’est à cet instant qu’il choisit de parier sur son audace pour s’associer avec ses anciens supérieurs de stage et créer Les 3 Déménageurs : « C’était quand même osé de se poser en concurrence d’une boîte dans laquelle on avait été, et de lancer notre propre société de déménagement international. Mais on l’a tenté, alors il fallait retrousser les manches et que ça carbure ! » Un an d’activité, deux cent destinations, douze salariés et le premier million de chiffre d’affaires : « Il a fallu que je bosse pour avancer. Tout n’est pas tombé tout cuit, mais c’est exactement la vie que je m’étais imaginée », livre Hadrien. « Demain, mon entreprise sera un puissant groupe logistique, dans les trois leaders mondiaux du déménagement international. En tout cas, c’est ce que je vise. Qu’est-ce que j’ai à perdre ? J’ai vingt cinq ans, pas de crédit, pas d’enfant, alors j’y vais ! ».
Si celui qui décrit sa relation avec l’iaelyon comme « maternelle » est aujourd’hui parti, force est d’admettre combien il est difficile de quitter le nid : « J’aime cette école, les gens qui l’ont construite, qui y travaillent, qui s’y forment… Cette école, on l’emporte, on ne la quitte jamais vraiment ». Toujours attaché à ceux qui lui ont permis de grandir et gagner en maturité, le spécialiste du déménagement a pourtant fait ses cartons pour laisser sa place aux prochains poupons : « Il y a un moment où il faut y aller ! Au niveau étudiant, j’ai vraiment fait tout ce qu’il était possible de faire à l’iaelyon ; je ne pouvais pas aller plus haut », s’aperçoit-t-il en riant. Fidèle au modèle de la matriarche qui vient de fêter ses soixante ans, il cultive lui aussi son « esprit projet » : « Plus tard, j’aimerais avoir mon château et mon vignoble pour faire du vin, trouver des talents qui partagent ma passion et former une équipe pour continuer. » En fait, il aimerait être pareil au même âge : « Très ambitieux et extrêmement audacieux ! ».
« think large » est le slogan de l’iaelyon, que vous évoque-t-il ?
« Aller au-delà des codes et ne pas avoir peur d’être ambitieux ! »
Et s’il fallait faire le portrait de l’iaelyon ?
« Celle qui te met au monde et qui regarde tes talents éclore. Celle qui te pousse à aller au plus haut et qui te soutiendra toute ta vie. Une femme qui rassure, mais qui est aussi charismatique et leader. »
