Gestion des ressources humaines en PME : une question de dirigeant


Depuis une dizaine d’années, nous menons des recherches sur la gestion des ressources humaines (GRH) au sein des petites et moyennes entreprises (PME) françaises. Un premier constat est l’existence d’une GRH informelle et intuitive. Compte tenu de la proximité spatiale et sociale existant entre les divers acteurs de la PME, le dirigeant occupe une place centrale. Il se révèle même être souvent le directeur des ressources humaines dans les faits.

De façon arbitraire, il prend des décisions concernant la GRH, qui ne sont donc pas toujours légitimes aux yeux des salariés. À titre d’exemple, la politique de rémunération est le plus souvent discrétionnaire : il en découle notamment une attribution de primes se faisant à la guise du dirigeant. Ces décisions subjectives peuvent faire l’objet de contestations de la part des salariés. Il en est de même pour les promotions, ce qui entraîne là aussi une perte de sens, et un désengagement de certains collaborateurs.

Nous avons notamment étudié le cas d’une PME iséroise de 76 salariés spécialisée dans la géométrie au sein de laquelle la GRH repose principalement sur le dirigeant et le directeur général. Ainsi, le recrutement dépend le plus souvent du réseau du dirigeant, qui n’a pas ailleurs pas établi de grille de rémunération : des primes et des augmentations sont ponctuellement allouées selon des critères subjectifs. Nous qualifions ce type de GRH d’autocentrée sur le dirigeant.

Complexité et richesse des relations

Nous avons en outre constaté que le caractère informel des pratiques peut également aboutir, dans des cas plus rares, à l’effet inverse et laisser place à une GRH partagée entre le dirigeant et les salariés. Celle-ci, coconstruite par les membres de l’entreprise, se veut bienveillante et souhaitée par l’ensemble des acteurs, ce qui va entraîner une plus forte adhésion au projet de l’entreprise. Contre-intuitive a priori en raison des spécificités de la PME tournée vers la centralisation du pouvoir, cette forme de GRH rend pourtant compte de la complexité et de la richesse des relations dans ce type de structure.

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