Coronavirus – Ces derniers mois les marchés financiers se sont effondrés. Quel avenir prévoir ?


L’indice iaelyon – Université Jean Moulin regagne 9,73% en avril,
réduisant son recul à près de 20% depuis fin 2019

Après un premier trimestre catastrophique pour les Bourses européennes, le deuxième trimestre a mieux débuté, si l’on peut dire… L’indice boursier régional iaelyon – Université Jean Moulin Lyon 3 avait perdu 2,5% en janvier, puis 11% en février, et 16,% en mars, mais il a progressé de plus de 9,7% en avril, partant d’un point bas ! Les investisseurs redoutent toujours les conséquences de la pandémie du coronavirus.

Le Cac 40 a reculé ainsi de 23,5% au cours du premier quadrimestre 2020, un peu plus que le Cac des Moyennes et Petites valeurs, en repli pour sa part de 22,6%. 

Sur les marchés actions le mois de mai a plutôt une mauvaise réputation, certes un peu moindre que le mois d’octobre. A une période plutôt faste, de novembre à avril, succéderait d’ordinaire un déclin, qui serait propice aux prises de bénéfices.

Aux Etats-Unis depuis la grande crise financière d’il y a une dizaine d’années, on n’avait pas connu une contraction aussi brutale du produit intérieur brut, de 4,8% selon la première estimation. Les chiffres de la zone euro ont été publiés peu après, traduisant une contraction de 3,8% de l’économie selon Eurostat. De manière concordante aujourd’hui, les analystes tablent au deuxième trimestre sur une plus grande dégradation encore.

La croissance française a davantage décroché que celle de la zone euro. Les semaines en s’écoulant font apparaître une Europe divisée en deux : il y a les pays qui ont géré l’épidémie sur le plan sanitaire, contrôlant l’ampleur des coûts économiques ; il y a par ailleurs des pays victimes d’un coup d’arrêt violent : la France, au premier trimestre, voit son PIB s’effondrer de 2% de plus qu’en zone euro (avec – 5,8% !), l’Espagne et l’Italie connaissant un recul de leur activité de l’ordre de 5%. Qui plus est dans ces trois derniers pays qui ont enregistré un nombre de décès élevés, le confinement a été plus lourd et rigoureux, ce qui a eu un coût économique plus important. La France a vécu ainsi de mi-mars jusqu’au 11 mai un ralentissement de la production plus marqué et une limitation des déplacements.

Précisons que l’OMS recommande une « extrême vigilance » dans le déconfinement, partout où il a été déjà mis en place…

Dans son point de conjoncture du 7 mai, l’Insee pense que la crise sanitaire a occasionné en France un ralentissement de l’activité économique de 33%, et une destruction nette d’emplois voisine de 450.000 personnes.

En France, en plein désarroi de la Bourse, les particuliers ont massivement investi, et selon l’Autorité des marchés financiers (AMF) 150.000 nouveaux actionnaires individuels de plus entre le 24 février et le 3 avril, principalement dès le 9 mars. La moyenne d’âge de ces nouveaux actionnaires serait de treize ans plus jeunes, de 36 ans en moyenne, face aux 49 ans des actionnaires déjà clients. Au cours de la séance du 12 mars, le Cac 40 a perdu 12%, avant un rebond du marché. Depuis son plus bas de l’année, le 16 mars, le Cac a repris 18%.

Les particuliers ont pris des risques, achetant au plus bas, quand les professionnels vendaient leurs actions.

La montée des marchés actions observée durant la première semaine de mai, ne s’est pas continué le 11 mai (-1,31%), en dépit de l’allégement progressif des mesures de confinement dans certains pays, dont la France. Le lendemain, une réelle prudence semblait de mise…

L’économie mondiale a entrouvert progressivement la sortie du confinement, mais les interrogations n’ont pas pour autant disparu.

Les conséquences économiques et financières

Selon les prévisions de la Commission de Bruxelles du 6 mai, dans l’Union Européenne, la France occupe la 24ème place parmi les pays touchés, son PIB y ayant reculé de 8,2%, devançant aux trois dernières places l’Espagne, l’Italie et la Grèce…

On notera par ailleurs que le ton a monté entre les instances européennes, alors que voici quelques jours (le 5 mai 2020) la Cour Constitutionnelle allemande, dans un arrêt retentissant exigeait de la Banque Centrale européenne (BCE) qu’elle justifie dans les trois mois la conformité de ses importants rachats de dettes. Voici que la Cour de justice de l’Union Européenne s’est déclarée « seule » compétente pour juger les actes de la BCE, tranchant de la sorte le débat ouvert ! La précision s’avérait plus qu’indispensable pour ne pas affecter l’unité de l’ordre juridique de l’Union, et pas davantage porter préjudice à la sécurité juridique.

La BCE avait répliqué avec grande fermeté à la Cour constitutionnelle allemande, avec l’intention de réaffirmer son indépendance.

Si la BCE a permis la survie de l’euro, le débat a évolué sur les conditions préalables à une politique budgétaire commune, ce qui devrait obliger la BCE à réviser son programme, selon le Professeur de politique économique à l’Université de Fribourg, Président du Comité des Sages, Lars P. Feld, interviewé et publié par le Quotidien Économique « Les Echos » du 12 mai 2020. On retiendra qu’« un conflit constitutionnel serait bien plus grave pour l’intégration européenne »…


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